Entre la consultation santé et les proches, il n’y a pas vraiment d’alternative pour exprimer le malaise au travail.
Les consultations de santé au travail dédiées à la consultation traitent des pathologies liées aux systèmes de gestion nocifs et à l’organisation scientifique du travail. Elles ont salutairement « fleuri » ces dernières années mais ne répondent pas toujours au besoin. En effet, il est parfois suffisant de retrouver un collectif pour améliorer le quotidien au travail. les difficultés que rencontrent les employé.es dans l’exercice de leur métier mettent un temps parfois très long avant de se transformer en pathologie. Bien sûr, les consultations santé au travail sont nécessaires. Elles répondent parfaitement au besoin de rencontrer des expert.es sur les questions de santé au travail. Ces consultations santé sont organisées afin de mettre en place rapidement un suivi thérapeutique. Ces rendez-vous peuvent être individuels et/ou collectifs, avec le plus souvent des psychologues.
Ces consultations traitent les pathologies provoquées par l’organisation du travail, ou la maltraitance, par exemple.
Entre médecins, médecins du travail, infirmier.es, juristes, avocat.es, psychologues du travail, psychologues cliniciens, psychiatres, psychanalystes psychothérapeutes, il y a près d’un millier d’unités de consultation en France. Ces consultations sont majoritairement tenues par des psychologues du travail et des psychologues clinicien.nes.
Elles offrent la possibilité d’une prise en charge par des thérapeutes, des pathologies liées au travail. Les pathologies spécifiques liées à l’organisation du travail sont peu connues. Elles devaient absolument être prises en charge.
Grâce aux recherches françaises sur le sujet et particulièrement grâce à Christophe Dejours, c’est le cas aujourd’hui. En plus de ses travaux, la communication accessible que ce médecin psychiatre et intervenant chercheur a su mettre en place, très tôt, par des ouvrages simples à lire et à comprendre.
Voici quelques exemples de livres et contenus audiovisuels :
Livre des presses universitaires de France : Le facteur humain, Christophe Dejours
Le « facteur humain » est l’expression par laquelle les spécialistes de la sécurité des personnes et de la sûreté des installations désignent le comportement des hommes au travail. Il est fréquemment invoqué dans l’analyse des catastrophes industrielles, des accidents du travail, et dans les procès ou les commissions d’enquête. On lui associe l’idée de faute. Paradoxalement, cette conception négative de l’intervention humaine repose sur une confiance sans faille dans la technique, et sur une méconnaissance des sciences humaines. Cet ouvrage récapitule les progrès réalisés dans les sciences de l’homme au travail, afin de formuler une doctrine plus nuancée que celle de l’école des « human factors », dans les années 1950. Livre de Christophe Dejours.
Pour vous documenter sur le rôle de l’organisation scientifique du travail, vous pouvez également commencer par visionner ces petits extraits d’interview. Ces vidéos sont disponibles librement et sont très efficaces pour s’informer sur le mal-être au travail.
Extrait de « J’ai très mal au travail »
Extrait de « De la cenralité du travail »
Malgré ces ressources, nous constatons chaque jour que le public manque cruellement d’information.
Les mécanismes nocifs d’un contrôle de gestion qui ne trouve plus de frein à son épanouissement font des ravages dans les organisations. Les métiers sont entravés par la mesure de l’activité parce que le métier est uniquement réduit à des mesures d’activité. Or, le travail réel n’est pas une suite de tâche que l’on mène sans réfléchir. Parce que nous ne sommes pas des humains-robots. La disparition du travail réel dissimulé derrière les tableaux et les chiffres de la gestion est une maltraitance directe de l’être humain.
Et si ce n’était pas moi, le malade ? En tout cas, je n’ai pas le sentiment de l’être. Pourquoi irai-je consulter un psychologue et suivre une thérapie ?
En effet, avant d’être réellement malade à cause de ce qu’on peut vivre au travail il peut se passer des années. Pourtant, ces années sont une période décisive. Pendant ce temps, nous ne ressentons pas le besoin de consulter malgré les malaises nombreux que nous ressentons chaque jour dans nos métiers. Nous tentons de parler à nos collègues, nos responsables, mais rien n’y fait et le mal s’installe durablement.
Les organisations qui appliquent sans relâche l’organisation scientifique du travail sur la production intellectuelle sont souvent maltraitantes, Cette maltraitance n’est pas le fait d’un seul individu. Il s’agit d’une maltraitance institutionnelle qui a des conséquences importantes sur la santé des employé.es. La maltraitance institutionnelle est diffuse et ses seuls responsables sont les dirigeant.es de l’organisation qui ont en charge, de fait, la santé des employé.es qu’ils dirigent.
Il ne faut pas attendre d’être malade pour réagir.
Pour réagir et commencer à aller mieux, il devient urgent de retrouver des collectifs. De casser l’isolement dans lequel nous nous sentons mal.
Dans une structure maltraitante, l’employé.e va naturellement résister. Cette résistance, sur le long terme, a un coût et ne peut être menée seul.e. Le collectif est essentiel à la santé de l’individu. Il y a encore 30 ans, le collectif était représenté par les syndicats professionnels qui protégeaient les employés dans le secteur public comme dans le secteur privé.
Une restitution de l’étude de la DARES montre l’effondrement de la place des syndicats dans l’organisation du travail entre 1949 et 1993.
Vous pouvez consulter le pdf dont cette image est extraite directement sur le site de la DARES en suivant ce lien.
On y mesure la disparition des syndicats. Ces collectifs spécialisés représentaient alors des espaces de paroles privilégiés pour les métiers qu’ils défendaient. Et c’est impressionnant de constater à quel point la disparition des syndicats suit la courbe de la désindustrialisation telle que les organisations la présente.
Parce que s’il y a bien eu une désindustrialisation dans certains secteurs d’activité comme les mines ou les aciéries, c’est l’inverse dans le domaine des services. Durant la même période où l’on fermait les puits de mine en France, une grande partie de l’industrie allait être remplacée par les services.
Et ce sont ces mêmes services qui ont été industrialisés sans relâche, avec une violence incroyable pour les métiers et les individus. A commencer par l’informatique où les employé.es n’avaient pas la compréhension de ce qui s’y jouait. Après l’industrialisation des services informatiques, première marche vers l’automatisation de la pensée et la disparition du travail réel, l’industrialisation des services à la personne n’était plus qu’un détail. Et la politique de standardisation impacte désormais les services publics jusqu’aux systèmes de santé avec les ravages que nous constatons.
Aujourd’hui il y a urgence à recréer des collectifs en plus des consultations santé au travail.
Parce qu’il y a urgence à recréer des collectifs en plus des espaces de dialogue respectueux et bienveillants qu’on peut trouver dans les consultations spécialisées sur le travail. Les collectifs métier sont nécessaire à la sauvegarde des employé.es. Les espaces de dialogue doivent permettre de se réunir entre pairs. Nous devons retrouver la possibilité de parler ensemble, de nos pratiques, de notre quotidien, et d’y être accompagné.es par d’autres experts de l’organisation du travail que sont les travailleurs eux-mêmes.
Contrairement à la vision mondialement répandue, l’être humain n’est pas qu’un facteur déstabilisant pour l’organisation scientifique du travail, il est un formidable facteur de progrès et d’amélioration des techniques et des métiers.
Nous défendons cette approche, chez #AntiZèle.